La musique
~ Pour soigner le corps et l'esprit ~
A l'origine, les civilisations utilisaient la musique à différentes fins et particulièrement celle d'éloigner les mauvais esprits, de rétablir l’harmonie et l’équilibre du corps et du mental ou de guérir les maladies. Aujourd'hui, cette idée n'a pas complètement disparu puisqu'on parle de musicothérapie. La musique est alors utilisée comme outil de soin. Elle peut être employée avec plusieurs types d'individus : les personnes angoissées ou stressées, celles avec des pathologies dégénératives, celles ayant été victimes d'accidents, celles avec des troubles spécifiques d'apprentissage ou celles avec autisme.
La Musicothérapie qu’est-ce que c’est, exactement ? Peut-elle soigner ?
Toute notre organisation de vie, dans notre corps physiologique et dans notre relation avec les autres, est basée sur des cycles rythmiques et synchroniques (une notion majeure en Ayurveda, en médecine chinoise) qui se mettent en place, dès notre vie intra-utérine. Rythmes et synchronie sont nécessaires à notre équilibre mais encore faut-il avoir les capacités suffisantes pour orchestrer harmonieusement nos pensées et nos mouvements. La musicothérapie est une thérapie à part entière qui permet de mieux réguler nos rythmes fondamentaux et de remettre en synchronie, des mécanismes parfois altérés ou endormis.
Les études concernant l’action de la musique sur le corps sont récentes mais de plus en plus nombreuses. Elles mettent en évidence que l’écoute de certaines musiques a des répercussions physiologiques et psychologiques sur l’organisme, comme par exemple au niveau cardio-vasculaire, respiratoire, musculaire. Récemment la recherche scientifique a montré que la musique pouvait réduire certains problèmes psychiques (dépression, autisme, schizophrénie) ou neurologiques (maladie de Parkinson). Une étude, publiée dans la revue Nature dans les années quatre-vingt-dix a même démontré que le coefficient intellectuel (QI) des enfants était amélioré par la simple écoute d’une sonate de Mozart.
La musique joue donc un rôle sur la santé, le développement personnel et spirituel. Mais de quelle manière ?
Chaque son est composé d'ondes sonores produites par la vibration mécanique d'un support fluide ou solide, et qui ont une fréquence que nous pouvons percevoir. Captée par notre oreille, cette vibration met en mouvement le tympan, point de départ de la stimulation de l'oreille et de la perception de l’information sonore.
L'oreille humaine entend des fréquences comprises entre 20 Hz (fréquence la plus grave) et 20 000 Hz (fréquence la plus aiguë). Par rapport à l'audition humaine, nous qualifions d'infrasons les sons dont la fréquence est inférieure à 20 Hz. Nous ne pouvons pas les entendre, mais certains animaux (comme la taupe ou l'éléphant par exemple) sont capables de le faire ; ils peuvent ainsi capter les prémices de tremblements de terre de quelques Hertz par exemple. En-dessous de ce seuil, on parle des infrasons, au-dessus des ultrasons. Ne pas confondre la fréquence (vibration) et l'amplitude (volume) du son.
Nos oreilles et, en particulier, notre cerveau effectuent un travail étonnant afin de donner du sens à un son. Selon certaines recherches et mesures, le système auditif est le réseau de neurones le plus développé. Et particulièrement en termes de timing. Aucun autre système sensoriel, vision comprise, n’est comparable à la vitesse à laquelle le système auditif traite le paysage sonore.
Sur un plan neurologique, grâce à l’évolution des techniques de neuro-imagerie, les scientifiques ont pu constater que la musique était la matière qui aidait le plus au développement du cerveau. La musique fait appel à toutes les parties du cerveau, aux zones les plus anciennes comme aux plus récentes, qu’il s’agisse d’écoute ou d’exécution, et favorise la communication inter et intra-hémisphérique.
La musique capte facilement notre attention : dès qu’il y a de la musique dans l’environnement, le cerveau se synchronise très naturellement. Les voies d’entrée de la musique dans le cerveau sont beaucoup plus complexes que celles de la parole, par exemple, et sollicitent différentes régions cérébrales : la musique stimule, relaxe, calme la douleur, mais a aussi la capacité d’augmenter la plasticité du cerveau et de provoquer les modifications au niveau des connections synaptiques (espace entre deux neurones). Chez les personnes autistes, qui ont une hypersensibilité à la musique, outre sa fonction de médium de communication, elle a un impact considérable sur les capacités d’attention et de concentration et par conséquent, diminue les troubles de comportement. Dans les cas des patients en rééducation neurologique suite à un traumatisme crânien ou un accident vasculaire cérébral, la musique peut accélérer la récupération de certaines fonctions intellectuelles endommagées : la simple écoute régulière de la musique augmente les capacités attentionnelles et améliore les fonctions défaillantes de la mémoire.
Elle a un pouvoir certain d’unification, de « recentrage ».
" La musique est un agent de liaison ou un réconciliateur entre le corps et l’esprit. " Jacques Dalcroze, célèbre musicien et compositeur suisse
C’est la réunion de ces 3 mouvements de l’être que sont :
le geste (expression du corps),
le verbe (expression de la pensée),
et le son (expression de l’âme).
Mais les oreilles ne sont pas les seules à capter le son, les ondes sonores se propagent dans l’air jusqu’à atteindre le corps, le toucher, le traverser. Les vibrations se propagent à travers la peau (qui est le plus grand organe du corps humain et un des plus sensibles avec ses 600 000 récepteurs du toucher), nos muscles, nos os, tous nos organes internes et toutes nos cellules. Pour bien comprendre ce phénomène, pensons aux vibrations des basses que nous ressentons dans le ventre quand nous entrons dans une salle de concert par exemple.
Le son prend vraiment « aux tripes », tout le corps vibre à l'unisson des vibrations de la musique.
" Si vous voulez trouver les secrets de l’univers, pensez en termes d’énergie : fréquence et vibration. " Nikola Tesla
Les scientifiques Tesla et Einstein entre autres, l’ont prouvé : tout, y compris notre propre corps est composé d’énergie vibrant à des fréquences différentes. Cela veut-t-il dire que les fréquences sonores peuvent nous affecter ? En effet elles le peuvent. Les fréquences affectent les fréquences ; tout comme le mélange d’ingrédients avec d’autres ingrédients affecte la saveur globale d’un plat. La façon dont les fréquences affectent le monde physique a été démontrée par diverses expériences qui illustrent le fait que lorsque les fréquences sonores se déplacent à travers un milieu particulier, tel que l’eau, l’air ou le sable, ils modifient directement la vibration de la matière.
Nous avons tous une certaine fréquence de vibration, sans mentionner que nous sommes composés à 70% d’eau environ.
Par ses vibrations sonores, la musique influe sur l’eau dont est composé le corps, pénétrant au plus profond de nos cellules.
Donc nous pouvons nous attendre à ce que les fréquences musicales modifient notre état vibratoire et induisent un état particulier. Chaque expression à travers le son, l’émotion ou la pensée est titulaire d’une fréquence spécifique qui influence tout autour d’elle-même, de la même manière qu’une goutte d’eau peut créer un effet de répercussions plus important dans un grand corps d’eau. Écouter une vibration spéciale, qui correspond donc à une fréquence particulière, provoque donc un effet particulier. Ainsi, elle peut rééquilibrer l’être dans sa globalité, en l’aidant à se réaccorder aux fréquences du monde naturel qui l’entoure.
On rencontre aujourd’hui 2 applications principales :
une application active, lorsque l’intervenant travaille avec des personnes (en groupe ou en individuel) autour de la pratique de différents instruments ou médiateurs sonores (dont le corps),
et une application réceptive, qui est basée sur la relaxation par la musique avec la médiation du thérapeute et qui se construit alors autour de différents moments d’écoute musicale selon un objectif défini.
La première technique favorise l’expression de soi, facilite la communication, fait émerger la créativité ou peut participer à la resocialisation de certaines personnes. Elle se base sur la production sonore par l’utilisation des instruments de musique, du corps et de la voix. La personne devient elle-même créatrice et s’exprime par le biais de la musique, des sons, du corps…
Les sons et les rythmes deviennent de véritables instruments pour développer sa créativité, les interactions sociales, reprendre contact avec soi, apaiser, réguler divers problèmes de santé : anxiété, douleur chronique, difficultés d’apprentissage…
La technique réceptive est surtout utilisée dans le traitement de la douleur, de l’anxiété et de la dépression par le biais de la relaxation et la détente. Elle propose une séquence sonore : il peut s’agir d’extraits musicaux ou de sons (sonothérapie). Cette écoute sonore peut être créée par le musicothérapeute en fonction du bilan psychomusical de la personne (effectué par un musicothérapeute professionnel).
La musicothérapie peut être aussi utilisée comme déclencheur d’un échange verbal sur les émotions qu’elle provoque, elle sert à analyser et prendre conscience des pathologies développées dans une démarche psychanalytique.
L'usage de la musicothérapie dans son quotidien est un excellent remède pour toutes les situations stressantes, difficiles.
Voici un exercice simple, en 2 parties, que vous pouvez réaliser quand vous avez besoin de faire retomber la pression rapidement. Une technique simple pour vous permettre de vous détendre en revenant dans votre corps, en vous oxygénant complètement.
Tout d'abord, prenez un grand verre et le remplir d'eau au quart. Placez y une paille. Le principe est simple : on souffle dans la paille afin de faire des bulles. Cela aide à trouver une respiration profonde mais également à réguler le débit d'air. Cet exercice va également permettre de façon sensible les résultats suivants :
amélioration du geste vocal,
modification de la voix en cours des exercices (notion d'échauffement),
amélioration de la biomécanique intime du larynx,
régulation de l'expiration
Vos cordes vocales sont prêtes pour la seconde partie de l'exercice ! Choisissez un morceau de musique que vous aimez particulièrement, votre chanson préférée du moment… et laissez-vous aller à des vocalises. Des exercices vocaux dénués de parti pris esthétique.
Dans cet exercice de chant, soyez dans cette curiosité et cet errement sollicités par l'improvisation, l'exploration de sons, de couleurs, de placements d'organes et structures (la langue, la mâchoire, les lèvres). Envisagez-le comme un jeu, avec beaucoup de légèreté !
Du point de vue des neurosciences, la stimulation de notre curiosité à travers cet exercice est fondamentale puisqu'elle permet de créer de nouveaux réseaux neuronaux. L'égarement volontaire permet de créer des ponts entre les informations déjà mémorisées, c'est-à-dire des apprentissages antérieurs et les nouveaux. C'est tout simple mais très efficace dans l'étape de l'encodage.
Du point de vue historique et culturel, le chant est, selon les archéologues, la première forme de musique. On aurait commencé à chanter à la préhistoire. Chanter c'est avoir la conscience de nous-même, de notre voix, des différents éléments qui la composent et comment ils fonctionnent ensemble… La perspective d'exploration est passionnante tant elle nous invite à la rencontre de nous même, de notre propre voix, de nos sensations. Chanter pour se connecter à qui l'on est, à nos émotions, à notre essence.
Benjamin Bottin
Mail : b.musico@outlook.fr
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